Pourquoi j'ai démissionné du Haut Conseil de l'Education
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Cette démission m'a été demandée par M. Racine, Président du HCE, et M. Seban, conseiller du Président de la République pour l'Éducation.

Cette demande est intervenue très tôt, à peine dix jours après l'installation officielle du HCE (le mardi 8 novembre 2005) et le lendemain de sa première réunion de travail (le jeudi 17 novembre 2005).

M. Racine a estimé que la violence passionnée de mes propos sur l'état actuel de notre système éducatif et la responsabilité des instances dirigeantes de l'Éducation Nationale rendait impossible un débat serein au sein du HCE visant à construire un consensus ou tout au moins une majorité solide.

Plus précisément, il m'a été surtout reproché d'avoir écrit au président du HCE, avec copie à tous les membres, le courriel que je reproduis sur ce site, à la rubrique “Un courriel qui aurait dû rester confidentiel”.

Ce texte est effectivement violent. Il réagit à une proposition d'ordre du jour envoyée par M. Racine où il était question de faire appel, entre autres, aux "experts de l'Éducation Nationale"; il s'y exprime une indignation qui ne date pas de la veille et dont M. Racine n'est certes pas l'objet.

Ce courriel n'était destiné qu'aux membres du HCE  mais M. Racine et M. Seban (à qui M. Racine en avait envoyé copie) m'ont appris qu'il avait été vite diffusé hors du HCE et "qu'il circulait déjà dans les bureaux du Ministère de l'Éducation Nationale". Je ne me serais certainement pas exprimé avec tant de violence si j'avais pensé que ce message deviendrait public, mais je confirme que ce message traduit ma pensée, de la première à la dernière ligne.

Pour couper court à toutes éventuelles déformations ou exploitations de citations tronquées, je le reproduis donc sur ce site.

J'ajoute que je suis également en désaccord avec la phrase suivante prononcée par M. Racine dans son allocution lors de la cérémonie d'installation du HCE:

"L’enjeu est considérable, puisqu’en dépit des progrès remarquables accomplis au cours des dernières décennies par notre système éducatif, celui-ci ne parvient pas à résorber des poches d’échec importantes ni à accroître l’égalité des chances."

En effet, je ne vois pas quels progrès remarquables notre système éducatif a accomplis dans les dernières décennies, et pour ma part je parlerais plutôt de résorption des poches de succès (le mot "succès" étant entendu non pas au sens de l'obtention d'un diplôme mais au sens de l'acquisition de véritables connaissances qui font accéder à la culture ou à la science) et de diminution de l'égalité des chances.

Je n'ai rien d'autre à dire sur le sujet de ma démission.

Laurent Lafforgue